Projet d’aide au canotage aborigène, une fière tradition

Juil
15
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Posted By: admin@canoekayak.ca

Avec les Jeux aborigènes de l’Amérique du Nord, qui auront lieu du 20 au 27 juillet à Régina, CanoeKayak Canada est heureux de présenter cet article écrit par Sheila Robertson, au sujet du Projet de canotage aborigène.

par Sheila Robertson

Il est vrai que la plupart des Canadiens, le peuple aborigine et le canotage sont historiquement inextricables. Il y a des centaines d’années, les Aborigènes de l’Amérique du Nord ont inventé le canoë, haut en proue et en poupe; il était formé de membrures de bois couvertes d’écorce légère de bouleau blanc. Ces voitures d’eau se sont avérées idéales pour voyager dans les rapides, les rivières et les lacs tout en pouvant contenir de lourdes charges et étant assez légères pour le portage lorsque requis.

Dès que les Européens se sont de plus en plus aventurés sur le continent, ils ont découvert des réseaux aborigènes commerciaux établis le long des routes de canotage. Ils ont aussi découvert que leurs lourds bateaux étaient inutilisables pour naviguer sur les plans d’eau et faire du portage, ce qui faisait du canoë un choix important, sinon la seule option.

photo: CanoeKayak BC

photo: CanoeKayak BC

Des “compétitions”, impliquant le peuple aborigène, représentent les tout premier débuts de la course de canoë. Ce sport moderne fut pratiqué dans les communautés riveraines situées à proximité des colonies aborigènes, en particulier dans les régions de Peterborough, ON, Montréal, Halifax et Victoria.

Durant plusieurs décades successsives, la qualité de vie des peuples aborigènes du Canada a décliné. Depuis quelque temps, nous avons assisté à une reconnaissance grandissante de la valeur du sport qui améliore la santé, le bien-être, la survivance culturelle et la qualité de vie des peuples aborigènes par l’activité physique, l’éducation physique, le sport et la récréation. La “National Recreation Roundtable” chez les peuples aborigènes tenue à Maskwachees (Hobbema, Alta.) en février 2000, fut de première importance. Cette table ronde a produit la Maskwachees Declaration, un coup de clairon pour mettre en évidence les problèmes sociaux et de santé qui affectent les enfants aborigènes, la jeunesse aussi bien que les adultes comme le diabète de type 2, les maladies du coeur, le syndrome foetal alcoolique, le taux d’incarcération, les substances abusives, le harcèlement, le racisme, ainsi qu’un style de vie sédentaire.

Un des participants était John Edwards, directeur du Développement national de CanoeKayak Canada (CKC), qui fut le seul représentant d’une organisation sportive nationale. Sa participation a été suscitée par le fait qu’un des clubs de CKC soit Onake Padding Club fondé en 1972 sur le territoire de la Première nation Kaknawake, près de Chateauguay au Québec. Selon l’expérience de John Edwards, le projet de canotage aborigène est une réflexion sur la croyance que le canoë-kayak représente l’unique occasion d’utiliser une activité traditionnelle pour reconnaître positivement les déficiences de l’activité physique aborigène et de donner aux pagayeurs indigènes l’occasion de participer à des compétitions locales, régionales et nationales.

“En tant que sport du patrimoine, il me semble que CKC pourrait rejoindre les aborigènes canadiens”, nous dit Edwards. “Le développement d’un leadership local dans les communautés aborigènes est essentiel et je crois que des activités avec des clubs sportifs communautaires est une excellente façon de débuter. C’est un environnement idéal pour affiner des habiletés”. Il nous a mentionné que les clubs sont la force du sport. “Nos clubs sont gérés par du bénévolat recruté dans la communauté et un des projets stratégiques est de promouvoir des clubs aborigènes dans la communauté. Ils sont la clé pour promouvoir la prise en main et le leadership local.”

photo: CanoeKayak BC

photo: CanoeKayak BC

Edwards a convaincu les responsables du programme de Développement à la participation de Sport Canada de fournir 385 000 $ sur une période de quatre ans pour le lancement du projet. En plus des bénéfices ci-haut mentionnés, le projet relierait les aborigènes canadiens au système sportif canadien via le sport du canoë-kayak, promouvrait le canoë-kayak comme méthode efficace pour relever les niveaux d’activité physique et sensibiliserait les gens à la sécurité en utilisant le programme apprendre à pagayer de Canotage pour jeunes. Il a aussi mentionné le support des provinces affiliées de CKC comme source de financement additionnel et qui serait le premier contact avec les communautés ciblées.

Même si le financement fédéral du projet est arrêté, l’intérêt qu’on lui apporte ne l’est pas; Edwards nous rapporte des succès survenus en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba, en Ontario et au Québec. Ceci inclut la sélection et l’entraînement d’équipes pour les Jeux indigènes de l’Amérique du Nord (JIAN), la tenue de compétitions de canotage, la formation des entraîneurs pour l’initiation sportive (Canotage pour jeunes) qui est une composante du Programme de certification des entraîneurs. Ceci comprend aussi la venue de nouveaux clubs en Nouvelle-Écosse, au Québec et en Ontario, ainsi que la tenue d’une régate aborigène nationale et plusieurs Championnats aborigènes dans l’Ouest canadien.

photo: CanoeKayak BC

photo: CanoeKayak BC

Le canotage se pratique d’un océan à l’autre

Colombie Britannique

La Colombie-Britannique a commencé à s’impliquer dans ce projet avec une conférence sur le canotage aborigène qui a été tenue par CanoeKayak CB (CKCB). L’événement d’une durée de deux jours a rassemblé des enthousiastes du canotage aborigène de tous les coins de la province et a établi une base pour des partenariats futurs. Sans aucun doute, le plus important de ceux-ci est avec le sport aborigine et le Conseil des partenaires en récréation et activité physique, sous la gouverne du directeur Rick Brant. Développé comme un héritage du 2008 Cowichan JIAN pour “Mener vers une transformation dans la santé et le bien-être du peuple aborigène dans la procvince”; le conseil est le régisseur du sport aborigène et de la stratégie de l’activité récréative et physique qui amène un futur en meilleure santé dans les communautés aborigènes, les familles et les individus.

Directrice exécutive de CKCB, Mary-Jane Abbott nous mentionne que la force du Conseil est dans ses leaders incroyables qui incluent huit coordonnateurs régionaux servant de liaison entre Abbott, son personnel et les communautés. “Rick est très coopératif et son personnel est réellement fonceur”, nous dit-elle. Ils ont une réunion régionale d’engagement à se rencontrer chaque année pour rapporter ce qui survient et de planifier en conséquence. Je suis très étonnée du nombre de personnes qui se présentent et de la qualité de leurs rapports.

Que les coordonnateurs requièrent une clinique d’entraînement, un camp d’entraînement ou un programme de sécurité sur l’eau, Abbott se dirige directement vers la communauté en amenant avec elle une remorque pleine de kayaks. “Nous aimons travailler dans la communauté plutôt que cette dernière vienne vers nous; c’est un meilleur apprentissage”, nous dit-elle.

La Première Nation Diditaht, située dans le secteur nord-ouest, tout juste avant Nitinat Lake, est une bénéficiaire enthousiaste de ce projet. Cette communauté retirée, accessible par une route de terre de 50 kilomètres et à 100 kilomètres à l’ouest de Duncan, s’étend dans les terres en incluant Cowichan Lake, s’étire le long de la côte sud-ouest de l’île de Vancouver et englobe une distance considérable à l’intérieur des terres. Nitinat Lake est un fiord qui s’ouvre sur l’océan Pacifique à Nitinat Narrows, à mi-chemin de la West Coast Trail dans le parc national Pacific Rim. Le lac est reconnu comme l’un des meilleurs sites au monde pour la planche à voile et le kitesurf; on y retrouve aussi une petite baie où les pagayeurs en herbe peuvent s’entraîner.

Ici, le projet est présenté par l’école locale et Abbott nous dit qu’elle reçoit un support idéal de la part de l’administration. En 2013, une subvention du Canada pour du travail estival a permis à un étudiant de travailler sur le projet, à partir de la fin de ses cours à l’école, de juin jusqu’en septembre. “Garder les enfants à l’école est une prouesse dans la communauté”, nous dit-elle. “Nous avons embauché deux étudiants pour l’été et nous en ferons autant cet été.”

Pour Abbott, le succès se mesure par la formation d’un club communautaire et l’implication des parents, ce qui a été réussi à Diditaht. En 2012, la communauté a tenu les Championnats de canotage provinciaux aborigènes 2012 de C.B. en partenariat avec CKCB et le Conseil. CKCB a fourni le personnel pour aider à lancer le projet et demeure en contact étroit. “Il a été facile de travailler avec cette communauté car ils ont regroupé les enfants, ils ont une organisation parentale et ils ont un but qui est de s’entraîner pour les JIAN de 2014 et pour plus tard” nous dit-elle. La croissance personnelle de leurs leaders au cours des dernières années a été remarquable. Ils sont la clé du succès d’un programme communautaire. Les athlètes du JIAN connaîtront une expérience incroyable; de plus, ils se sont fait de grands amis au cours des dernières années à mesure que l’équipe s’est développée.

Récemment, Abbott a partagé un rêve avec la communauté. “Pourquoi ne pas avoir une levée de fonds à travers le Canada pour aider les projets communautaires de canotage existants? Pourquoi ne pas demander à trois artistes aborigènes de peindre une pagaie et vendre des billets pour un tirage?” Ce rêve est en train de devenir une réalité et bientôt, les pagayeurs de Diditaht seront reconnus à l’extérieur de leur communauté.

Le respect de la culture locale et des traditions sont une raison pourquoi le projet est une réalité en Colombie-Britannique. Quelques commaunautés du territoire continental et des îles courent en canoë de guerre qui sont d’une ligne pure et élégante et fabriqués par les pagayeurs eux-mêmes pouvant contenir de un jusqu’à onze pagayeurs. Ils ne sont pas du type Peterborough à bande de cèdre. La vue du creusage de troncs d’arbre en action a convaincu Abbott que “On ne peut leur montrer comment construire un kayak. Nous ne voulons pas remplacer leurs traditions et leur culture; nous voulons y ajouter un plus et non pas la détruire. Pour eux, c’est une autre forme de canotage offrant une opportunité à leurs enfants.”

Abbott s’est organisée pour assurer huit positions pour les athlètes aborigènes aux Jeux d’été de C.-B. Chacun d’eux sera aidé par un entraîneur de sa communauté. “C’est une situation gagnant-gagnant pour tout le monde car l’entraîneur communautaire travaillera avec des entraîneurs plus expérimentés durant les Jeux”, nous dit-elle. “Chacun d’eux connaîtra des situations nouvelles qu’il n’a jamais connues et ceci leur ouvrira de nouvelles portes.”

Alberta

CanoeKayak Alberta a envoyé le coordonnateur de programme, Alan Ross, au nord de l’Alberta pour promouvoir le sport et les Jeux indigènes de l’Alberta 2013 qui présentent le canoë-kayak comme sport principal. Cette visite l’a amené dans plusieurs communautés aborigènes, incluant Cold Lake, Slave Lake, High Prairie, Grouard, Joussard, Sucker Creek, la Première Nation Swan River, la Première Nation Drift Pile, Wabasca et la Nation Cris Big Stone. Il a rencontré plusieurs centaines d’aborigènes et y a vu un fort intérêt pour le canoë-kayak.

Saskatchewan

Du 20 au 27 juillet 2014, Régina tiendra les JIAN avec du canoë et du kayak au lac Wascana situé au centre de la ville. Ainsi, le Club de canotage Wascana a offert des cliniques de journée entière et demi-journée pour les peuples aborigènes en vue de leur apprendre les bases du canotage récréatif, incluant une technique appropriée sur la direction, la sécurité et ceci, avec des entraîneurs certifiés. Le Club a fourni des embarcations, des pagaies, des vestes de sécurité et des trousses d’urgence.

Les programmes aborigènes de la Saskatchewan s’étendent au-delà des événements de Régina. Avec presque 20 entraîneurs aborigènes, des camps et des cliniques sont offerts à plus de 10 communautés aborigènes à l’intérieur de la Saskatchewan, de Meadow Lake à Cumberland House. “CanoeKayak Saskatchewan a toujours un programme mais le projet a fortifié les activités qu’on faisait déjà”, nous a dit Edwards, en ajoutant que la Saskatchewan et le Manitoba sont très impliqués dans le marathon, une discipline courue seulement en Amérique du Nord et où des prix en argent sont offerts.

JIAN comme instrument de changement

Tel que mentionné par les organisateurs de JIAN  2012, “plus de mille ans avant le contact avec les Européens, les peuples aborigènes tenaient des jeux partout sur le continent de l’Amérique du Nord. Des records historiques spécifient que plusieurs sports d’équipe modernes sont des dérivés de jeux traditionnels aborigènes. Ce qui est bien connu, c’est que ces jeux ont enseigné des valeurs personnelles et sociales, ce qui devenait un programme pour leur façon de vivre. Ces pratiques enseignaient les valeurs de chaque génération et les qualités personnelles qui sont reflétées dans ces styles de vie indigènes et leur culture jusqu’à ce ce jour, comme l’honnêteté, le courage, le respect, l’excellence personnelle et la gratitude envers les parents et les personnes âgées. Les communautés préparaient les enfants et les jeunes pour une responsabilité d’adulte.Aujourd’hui, un nombre de barrières ont contribué à une sous-représentation du peuple aborigène dans le sport. Alors que certaines sont d’origine culturelle, il existe des problèmes sociaux, géographiques, économiques et racistes. Un développement positif est l’implication toujours croissante des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pour renforcer le sport aborigène, tout particulièrement axé sur les JIAN.Le canoë et le kayak font partie intégrante du programme sportif de JIAN et plusieurs jeunes pagayeurs qui y participeront à Régina seront les bénéficiaires du projet de CKC. La compétition JIAN comprendra des épreuves pour hommes et femmes en simple, en double et en mixte double pour toutes classifications d’âge et dans les catégories de 200 à 10 000 mètres. Chaque province et territoire peut inscrire six pagayeurs hommes et femmes dans chaque catégorie. La compétition sera sous la gouverne des règlements du canotage marathon et de ceux de la Discipline de course de vitesse de CKC.

Manitoba

L’Association de canotage du Manitoba (ACM) a mis l’accent sur un projet de financement pour les JIAN en ciblant l’accroîssement du nombre de clubs de pagayeurs et en amenant au moins cinq pagayeurs potentiels aborigènes aux Championnats  nationaux de marathon.

Comme exemple, à la Première Nation de St. Theresa Point, un bateau dragon fut transporté par ACM sur la route de glace hivernale. Cette communauté Oji-Cree éloignée, située sur la rive sud du Island Lake au nord du Manitoba, a aussi bénéficié de l’engagement d’un entraîneur d’été pour diriger les programmes de canotage. Malgré le niveau de l’eau assez élevé et les feux de forêt locaux qui ont nécessité deux évacuations, plusieurs nouveaux pagayeurs se sont joints au Club de canotage de St.Theresa Point. De plus, une femme aborigène a complété un programme mentor d’entraînement. St. Theresa Point a maintenant des installations de canotage avec 18 membres réguliers dont neuf ont participé aux Championnats nationaux et près de 50 canoteurs occasionnels.

Le personnel de ACM a appris l’importance de travailler avec des supporteurs locaux, ce qui fait une différence pour le canotage communautaire. L’Association a aussi développé un partenariat solide avec CKC, le programme bilatéral du gouvernement du Manitoba, le conseil sportif aborigène du Manitoba, le programme d’emploi estival Green Team, le Travail d’été du Manitoba, le Sport Manitoba, le club de canotage et la communauté.

Edwards n’est pas surpris du succès du projet dans les provinces de l’Ouest. “On a remarqué une réelle collaboration, probablement due à la forte présence aborigène dans une vaste portion du territoire”, nous a-t-il dit. “L’autre facteur a été la reconnaissance des gouvernements provinciaux car c’est ce qu’ils voulaient et qu’ils ont activement supporté.”

Ontario

Les six nations de la Première Nation de Grand River, près de Brantford, est l’endroit où est situé le Club de canotage Aka:we. Fondé en 1999 et membre de CKC depuis 2004, Aka:we est un nom Mohawk signifiant pagaie; il est le quatrième club de course de vitesse des Premières Nations dans le pays. Le club est axé sur le plaisir, la santé et le bien-être tout en maintenant l’aspect culturel du canotage. Il tient la régate Pauline Johnson, nommé d’après la populaire poètesse Mohawk qui fut un temps membre du Club de canotage de Brantford.

Un grand pas en avant fut la sélection en 2013, par l’Affiliation de canoë-kayak de vitesse de l’Ontario, d’une femme entraîneure aborigène pour devenir entraîneure apprentie aux Jeux du Canada. Tiffany van Every s’est rendue à Sherbrooke, au Québec, avec l’équipe de l’Ontario et fut impliquée dans tous les aspects de l’entraînement. Ce programme des Jeux du Canada était, en partie, une demande de CKC pour que les Jeux fournissent une opportunité aux aborigènes canadiens de se rapprocher du système sportif canadien.

Québec

Le Club de canotage Onake de la Première Nation Kaknawake, près de Châteauguay, fut fondé en 1972 et fut le premier club de canotage de Première Nation ratifié par CKC. Il est devenu célèbre lorsque Alwyn Morris devint le premier champion olympique aborigène en gagnant l’or aux Jeux de Los Angeles.

Un financement à partir du projet a permis au club d’offrir des occasions aux pagayeurs de participer à des épreuves de canoë à balancier, de bateau dragon, de marathon, de canotage récréatif et de vitesse. Des sessions de camp de jour de Canotage pour jeunes et des camps de canotage compétitifs furent remplis à pleine capacité. Des services furent fournis au Kaknawake Youth Center Day Camp, au Our Gang Day Camp, au Kaknawake Survival School senior physical education classes, au Community Health Unit-Fitness program, au Eastern Door Fitness Challenge et au Live Like a Champion youth group.

Dans le circuit compétitif, les pagayeurs d’Onake ont participé à plusieurs régates locales, à la régate internationale de Lake Placid, aux Championnats provinciaux bantam et moins, aux Championnats provinciaux midget et plus, ainsi qu’aux Championnats provinciaux longue distance et, partout, ils ont récolté plusieurs médailles. Les pagayeurs du programme de canoë à balancier ont concouru à New-York, Toronto, Colombie-Britannique, Kona-Hawaii et Atlantic City.

Parmi d’autres activités, ils ont tenu le douzième festival annuel de bateau dragon, ils ont préparé les athlètes pour les compétitions régionales et le JIAN; ils ont en plus offert de l’aide à la communauté en organisant des évènements avec les communautés voisines et ont également tenu une régate régionale.

Situé sur la rivière Gatineau, près de Maniwaki, le Kitigan Zibi est la réserve de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg des Premières Nations, la plus grande réserve algonquine au Canada. Dirigé par les professeurs Jan Côté et Celine Whiteduck, le Club de canoë-kayak Kitigan Zibi met l’emphase sur une formation de base et le bien-être. Les activités comprennent une orientation vers le canoë et le kayak qui est une occasion spéciale de rencontre de fin d’année scolaire: des courses de canoë récréatif pour les ados, le camp de jour Kitigan Zibi pour jeunes, une soirée d’entraînement de canotage pour la mise en forme d’un groupe de hockey, l’enseignement des bases du canotage au camp “Performing Arts” pour les jeunes de 13 et 14 ans, l’achèvement du programme Canotage pour jeunes  pour les 13 à 17 ans, les activités de canotage en soirée pour les ados, les journées de canotage au camp de jour pour jeunes et la fête de la pagaie.

Environ 1 000 kilomètres au nord, se trouve Kuujjuarapik, le village nordique le plus au sud à l’embouchure de la rivière Grande Baleine sur la côte de la Baie d’Hudson au Nunavik, qui est l’endroit où vivent quelques Inuits. Environ 800 personnes vivent tout près à Whapmagoostui, le village Cree le plus au nord du Québec.

Kuujjuarapik est le pays de Allan Brown, un professeur en éducation physique retiré et un expert en canotage de vitesse qui est parti de Montréal pour le Nord en 1977. Il nous a expliqué que l’Inuit, un peuple côtier et les Crees un peuple de rivière, utilisent le canotage strictement pour voyager. Le canotage récréatif était rare et on ne connaissait tout simplement pas le canotage compétitif. L’équipement sécuritaire et la formation sur la sécurité en embarcation étaient aussi inexistants; la noyade était toujours un danger présent, ce qui amenait la peur de l’eau. “Avec la présence de l’eau, il existe beaucoup de facteurs à problème comme le froid, les courants et les vents”, nous a mentionné Brown. “Les vents amènent des bourrasques, ce qui forme des vagues pouvant atteindre de 2 à 3 pieds de haut. De plus, la marée peut atteindre 6 pieds; ainsi, il n’est pas surprenant que la majorité des gens ne s’aventurent pas sur de longs trajets.

En 2010, lorsque Brown entendit parler du projet, il a immédiatement contacté Edwards et Peter Niedre, directeur du Développement des entraîneurs et des athlètes de CKC; Peter connaissait la communauté pour y avoir fourni des programmes de ballon-panier et de multi-sports avant de se joindre à CKC.

Étant donné la peur de l’eau, la proposition de financement de Brown était axée sur les bases fondamentales. Le programme “Canotage pour jeunes”de CKC l’a guidé pour développer une liste de contrôles qui mettrait l’accent sur la sécurité sur l’eau et les habiletés, sur le développement de la confiance sur l’eau, sur l’occasion de pagayer et de socialiser dans un environnement d’équipe et de bâtir des habiletés motrices.

L’enthousiasme était contagieux.“Allan pensait que ce serait une énorme ressource si les enfants étaient protégés de la noyade et nous avons été d’accord”, nous a dit Edwards.“Son approche était d’amener les enfants à être actifs et les rebrancher sur leur environnement naturel.”

Comme les canoës de guerre et les bateaux dragons sont mal adaptés pour des plans d’eau difficiles, Brown a acheté des canoës de vitesse et un canoë “Rabaska”, un canoë traditionnel du Nord semblable au canoë voyageur pouvant contenir jusqu’à 10 personnes assises.

Niedre et Jessie Rice, un entraîneur mowak certifié de Kaknawake, se sont envolés vers Kuujjuarapik en février 2011 pour développer un cours technique pour le sport communautaire; ils y sont retournés en juin pour aider à démarrer le projet et lancer le Club de canoë-kayak de la rivière Grande-Baleine. “Je le vois comme un développement positif pour jeunes, incluant la mise en forme, le développement des habiletés et la sécurité sur l’eau”, nous a dit Niedre. “Ceci consiste à entrer dans une communauté pour y développer du leadership.”

Initialement, le programme comprenait deux phases. La première a pris place de la mi-janvier à la fin de mai dans une piscine intérieure communautaire; cela a permis aux participants d’être comfortable avec l’eau, de pratiquer le canotage avec des pagaies à une pale, comment exécuter un retournement, comment procéder à un sauvetage au milieu d’un lac, comment se sentir en sécurité dans une embarcation et enfin, comment transporter et entreposer une embarcation. Lorsque la température est devenue plus clémente, le programme s’est poursuivi sur la rivière. “La rivière, c’est un tout autre monde et les enfants furent enthousiasmés”, nous dit Brown. “Ils ont adoré apprendre de nouvelles habiletés et ont réalisé qu’ils n’avaient pas besoin de chavirer.”

“Aussi en 2011, les Jeux d’hiver de l’Est Artique ont été tenus à Kuujjuarapik et il y a eu des courses de canoë de 200 mètres. Le jour des courses, on a dû affronter des vagues de 2.5 pieds qui venaient directement sur nous, ce qui était fort excitant”, nous a dit Brown. “La partie difficile était d’avoir tous les pagayeurs alignés à la ligne de départ!”

Même si le financement demeure un défi, Brown ne s’est pas laissé intimidé. “Il y a plusieurs problèmes sur la route: des murs et des obstacles à surmonter mais il n’est pas question de laisser tomber; on n’arrêtera pas là”, nous a-t-il dit. Il espère persuader le gouvernement régional de venir à Kuujjuarapik et entraîner ces jeunes à courir des aventures avec défi. “J’ai les embarcations et les vestes de sécurité; je suis préparé et prêt à aller de l’avant, et les jeunes sont également prêts.”

Brown a l’intention de prendre des cours de facilitateur pour “Canotage pour jeunes”de CKC pour entraîner les jeunes à implanter ce programme. Il voit le projet comme un nouveau début dans une société isolée et traditionnelle et ajoute que, même si on en est loin, il viendra un temps où les pagayeurs participeront aux Championnats provinciaux et iront encore plus loin.

Quel sera le futur du canotage aborigène?

“Comme outil de leadership, le projet est un modèle unique pour le développement de la jeunesse, la mise en forme, le développement des habiletés et la sécurité partout au pays”, nous dit Niedre

Edwards est d’accord et il ajoute que l’effort est louable afin d’aider le peuple aborigène à atteindre un plus haut niveau de bien-être. Et pour cela, “il est important de bâtir sur les sports qui font déjà partie de leur communauté. On n’a pas à importer des sports: il s’agit d’aller dans la communauté, écouter, regarder, s’engager et ensuite travailler avec la communauté pour développer les stratégies avec la culture des sports qui existe déjà. Comme n’importe quelle communauté au Canada, les communautés aborigènes doivent posséder un sens d’appartenance avant de devenir entièrement engagé.”

Edwards aimerait certainement voir la population aborigène s’intégrer plus efficacement et d’une façon plus constante avec le système sportif canadien. “Nous sommes certainement chanceux pour la confiance et le support que Sport Canada a formellement mis dans ce programme”, nous a-t-il dit. En plus, le support des agences sportives provinciales a été très gratifiant.”Toutefois, il se demande comment nous pouvons intégrer ce projet selon une façon qui célèbre et bâtit leur propre héritage? Il y a beaucoup de traditions aborigènes concernant les embarcations et CKC y est pleinement ouvert. En fait, la question est comment le faire: respecter et intégrer tout en introduisant les concepts d’entraînement et de constance.

“Lorsque je parle à une personne aborigène, je lui parle de ma propre expérience du canotage, soit d’être dehors dans la nature et avoir l’impression de ne faire qu’un avec elle, avec les vents et les vagues. Lorsque vous canotez, vous touchez à plusieurs générations qui ont ressenti la même chose sur l’air frais et la regénération. La couleur de notre peau n’a pas d’importance: c’est la vertu naturelle du canotage. Vous devenez beaucoup plus conscient et vous appréciez la nature ambiante.”

Références:

Maskwachees Declaration, Comité consultatif fédéral, provincial et territorial sur la mise en forme et la récréation, juin 2000.

Adapté de Canada’s Sporting Heroes par: S.F. Wise et Douglas Fisher pour Canada’s Sport Hall of Fame, General Publishing Company Limited, Don Mills, Ontario, 1974.

“Notre héritage en canotage”, Musée canadien du canotage, www.canoemuseum.ca/ .

Extrait de “Tout sur les canoës”, 20 septembre 2010, L’histoire du canoe.

100 ans de champions: Association canadienne de canotage 1900-2000, par: C. Fred Johnson, Association canadienne de canotage, Ottawa, deuxième édition, 2003.