On se souvient d’Allan More

Mar
12
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Posted By: admin@canoekayak.ca

Par : Glen Benison

J’ai reçu la nouvelle aujourd’hui….tellement triste. Un ancien coéquipier, et encore plus important, un mentor nous a quittés.

Gordy Hill, Barry Wright, Allan More, Rene Pilon

Gordy Hill, Barry Wright, Allan More, Rene Pilon

Fier commodore de CKC en 1970 et gagnant du prestigieux trophée Black en 1959, Allan More a perdu un très court combat avec le cancer; la semaine dernière, il est parti à la dérive derrière la ligne d’arrivée! Selon moi,  il appartenait à une classe si exceptionnelle qu’il est difficile d’en rencontrer une semblable de son vivant.

En tant que président du Club de canoë kayak de Lachine au milieu des années 60, il possédait une exceptionnelle capacité d’intégration ainsi que le plus honnête des leaderships ; ce sont ces facteurs déterminants qui ont convaincu mes très chers parents que, peut-être, le CCKL n’était pas un endroit si mal famé, après tout, pour laisser leur jeune fils s’y installer. Cinquante ans plus tard, je m’attarde encore dans les hangars à bateaux. Merci Allan.

Faisant partie de l’équipage gagnant du Black en 1959, il évitait ce style de coupe de cheveux à la mode du temps pour se promener en imitant celle d’Elvis Presley. C’est ainsi que sa personnalité de gagnant a remporté le coeur de la jolie blonde de l’autre côté de la rivière. Ruth est devenue sa femme durant plus de 40 ans;  Allan vous dirait qu’elle fut sa plus grande victoire.

Allan a parcouru le monde comme directeur des ventes chez Alcan. À l’âge de 15 ans, il devint membre de l’équipe de hockey junior A des Maroons de Lachine. Même à un âge adulte avancé, il est demeuré un sportif, et ce, jusqu’à ce que ses genoux le confinent sur les lignes de côté.

Une mémoire vive demeure en moi.

Les Championnats canadiens 1971 durant un ouragan au Lake Banook. Dernière course de la journée. Le canoë de guerre des hommes seniors. Les clubs de la Ville de Québec  et du Mississauga se détachent du groupe et bataillent à chaque coup de pagaie alors que la pluie et le vent font rage. Ils sont parvenus à la ligne d’arrivée et personne ne connaissait les résultats de la course. Sur le côté du lac du club Banook, le contingent de Missy est en extase; les fans de la Ville de Québec sont réunis sur le balcon du MicMac et tout est silence. Les 28 pagayeurs se laissent glisser sur le lac, penchés sur les plats-bords, fouettés par la pluie en attendant les résultats en provenance de la tour des juges. Après plusieurs minutes, on annonce  que le Club de la Ville de Québec remporte la victoire. Dévastés et bougonneux, l’équipage de Missy se dirige vers la rive. Le barreur leur demande de l’attendre et se dirige vers la tour des juges. Il demande à parler au juge en chef et s’enquiert s’il est bien certain de sa décision. Le juge lève son pouce et son index et dit: “Mark, j’en suis certain”. Le barreur Mark Butler de Missy n’argumente pas la décision. Le juge en chef est Allan More. Il est reconnu comme un homme honnête, avec une crédibilité incontestable.

Je me souviens d’une autre histoire. Je suis un des quelques jeunes bénévoles du Club de canoë kayak de Lachine qui se sont joints à Allan et Ruth pour assister à un concert d’Harry Belafonte à la Place des Arts de Montréal. Cette soirée me laissa une profonde impression. Une chanson de Belafonte entendue ce soir-là me trotte encore dans la tête aujourd’hui : ”Essaie de te souvenir quand la vie était moins rapide et combien plus calme”. Repose en paix Allan.